Aujourd'hui, 6 février 2019, fête de Saint Paul Miki et de ses compagnons jésuites morts au Japon et célébrés par George Desvallières dans ce magnifique tableau !
C'est aussi la date du mariage de George et Marguerite deux ans avant !
Voir Tome II, page 81
CR 360, L'Ordre des Jésuites, 1892, huile sur toile 120,5/70 cm,
exposé à Genève et à Bruxelles en 1893.
Commentaire du Catalogue Raisonné :
1892 marque le trentième anniversaire de la canonisation par Pie IX de vingt-six martyrs japonais, crucifiés en 1597, en répression de la foi chrétienne. Desvallières met en scène trois d’entre eux, en habit de religieux, debout devant un piédestal sur lequel repose un bouquet de lys, symbole de pureté, qui contraste avec la couronne d’épines d’où coule le sang qu’ils ont versé, à l’image du Christ. Autour de la couronne ensanglantée, le halo de lumière rappelle celui que Gustave Moreau a placé autour de la tête de saint Jean-Baptiste devant Salomé, dans L’Apparition (Paris, musée Gustave-Moreau, n.d., Cat. 222). Au pied des trois martyrs auréolés de fleurs blanches, un ange agenouillé porte un phylactère sur lequel est écrit : « Les trois Saints / Saints / », en bas à gauche ; « Tous trois jeunes – de l’ordre des // Jésuites pour la pureté – pour l’ // [inno]cence prêchée / souffrirent sans plainte les plus a // ffreux supplices / en l’ann / [ée] », au-dessus. Il s’agit de Paul Miki, né au Japon en 1566, entré dans la Compagnie de Jésus, persécuté pour sa foi et sa prédication, crucifié à Nagasaki le 5 février 1597, pardonnant, comme le Christ, à ses bourreaux. Le jour même, ses frères jésuites Jean Soan et Jacques Kisai, ainsi que vingt-trois autres personnes, religieux et laïcs, moururent de la même façon. Ils sont tous fêtés le 6 février. La toile a probablement été exposée début 1893 à Marseille ou dans la région : en janvier de cette année, le critique du Sémaphore écrit : « Un artiste très personnel est M. George Desvallières – personnel n’est peut-être pas le mot, car il s’inspire évidemment des primitifs […] Mais ce peintre tranche sur les œuvres de ce temps-ci et son mysticisme violent n’est pas sans charme […] Une œuvre étrange et d’un féroce mysticisme, c’est un groupe des trois Jésuites martyrs en extase devant la couronne sanglante du Christ. » En septembre, la toile figure à l’Exposition générale des beaux-arts de Bruxelles après avoir été exposée à Genève au printemps, où l’on remarque cette Communion mystique, noble « de facture et d’esprit », qui offre « cette aspiration au rêve, ce sentiment religieux des hommes de cette génération », même si l’artiste se rapproche encore un peu trop du « peintre d’Œdipe et de La Chimère » (Duchosal). Les modèles des saints poseront pour Joueurs de balles (CR 387-388), en 1894, et Tireurs d’arc (CR 415), en 1995.
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