Actualités


 
<
Mardi 28 avril 2020
>
 
 

En cette période d'épidémie, retour à l'automne 1918
où sévit la grippe espagnole


La famille Desvallières lors d'une permission de George, été 1918



La première vague de la grippe espagnole touche la famille de George Desvallières en 1918. En novembre, Marguerite passe ses jours et ses nuits à soigner ses quatre filles qui ont atteint des températures très élevées. Son beau père Émile qui n’a pas résisté et meurt le 15 novembre 1918.


« 1918. Les combats en Alsace perdent en intensité alors que le déploiement des forces alliées mène à la victoire. […] Retenons la dernière lettre de Marguerite, du 8 novembre, quand, en pleine épidémie de grippe espagnole, affairée auprès de ses enfants malades et de son beau-père, Émile Desvallières, mourant, elle écrit, en guise de conclusion, cette déclaration de toute la famille à George : « Tu es notre bonheur(16). » »
16 - Cf. L. 1614.


P. 507 RICHARD À SON PÈRE
1436
27 mai 1918
[…] J’ai été ces deux derniers jours mal fichu - aujourd’hui tout va bien, je suis satisfait et m’en tire à si bon compte car il a sévi au CA une espèce de grippe (1) qui a fait évacuer ou mis hors de combat un certain nombre de soldats ; […] seulement quelques jours de fièvre. Cela doit venir de la grande chaleur des jours passés, à moins que ce soit le fruit des nombreux vaccins dont nous fûmes empoisonnés ! Mais cela c’est de moi !
Je t’embrasse de tout mon cœur,
Richard Desvallières
1 - Il s’agit de la première vague de grippe espagnole. Cf. G.D. et la G.G., p. 122-123.


P. 513 GEORGE À MARGUERITE
1457
13 juin
[…] Le cher enfant a été un peu malade ces temps-ci, il a dû avoir cette grippe qui sévit partout. C’est généralement l’affaire de trois jours. Fièvre subite et forte, mais s’en allant très vite. Je crois bien avoir été atteint, mais j’ai mis sur mon mal un peu de baume de volonté, personne n’y a vu que du feu, le bon Dieu a sans doute donné un petit coup d’épaule à ma volonté […]


P. 558 MARGUERITE À GEORGE
1612
Mercredi 6 novembre (1)
Mon George si chéri, Je n’ai pas osé monter chez ton père à cause des grippes intenses que nous avons. Mariette a 40.4° ce soir (comme Monique avant-hier) Sabine : 39.3° Monique : 38.7°. Cependant, je le regrette, mais on craint la contagion avec raison. Il a été très agité cette nuit qu’il a passée avec Denise et, au contraire, toute la journée il n’a fait que dormir. Ce matin, on ne lui a pas fait de piqûre, jugeant qu’obtenir cette agitation était navrant. Il me semble qu’on a eu raison. Ici les cataplasmes, les tisanes sont une occupation inouïe qui ne me laissent aucun moment, aussi je vais te quitter. Et nous n’avons pas encore ta dépêche. Combien je t’aime et t’embrasse,
M.D.
1 - Dernière lettre que George reçoit de Marguerite à Jausiers, avant de remonter définitivement auprès d’elle et de retrouver vie familiale et vie de peintre. En effet, celle écrite le vendredi 8 novembre retournera à Seine-Port le 23 (tampon de la Poste), où George est revenu.


P. 559 MARGUERITE À GEORGE
1614
Vendredi 8 novembre (1)
Mon George si chéri,
Il me faut l’impossibilité absolue de t’écrire plus longuement pour prendre cet exécrable petit papier quand j’aimerais t’envoyer des volumes. D’abord pour te dire que tu es notre bonheur et que nous n’avons qu’une crainte, c’est que tu n’attrapes les quatre grippes de tes filles (car Francette est prise de ce matin).
Le docteur sort d’ici, il trouve tout le monde en bon état malgré les températures de 38 et 39 que nous avons encore. Il demande qu’on se soigne au moins huit jours, que Monique elle-même qui retombe à 37.7 reste encore au lit. Sabine est la moins malade, Dieu merci.
Combien je te remercie de nous avoir écrit de Grenoble et qu’il nous est précieux, indispensable, que tu continues chaque jour jusqu’à ton départ, même si tes lettres arrivent bien après toi.
Quant au cher Bon-Papa, sa dernière nuit a été bien agitée et le major a dû revenir.
Tous nos chers baisers,
M.D.
1 - Dernière lettre de Marguerite que George ne recevra pas à Jausiers. Il est remonté à Seine-Port.


Ambroselli de Bayser, Catherine, et Hornus, Priscilla, George Desvallières, Correspondance 1914-1918, Une famille d'artistes pendant la guerre, Paris, Somogy, novembre 2013.



Copyright © Catherine Ambroselli de Bayser, avril 2020 | Contacts | Home