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Dimanche 15 mai 2022
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La canonisation du Père Charles de Foucauld se tiendra à Rome le 15 mai 2022. À cette occasion nous vous partageons les descriptions de deux œuvres imposantes de George Desvallières qui concernent le frère converti tant admiré par l'artiste croyant





Ambroselli de Bayser, Catherine (dir.), George Desvallières, Catalogue raisonné de l'œuvre complet, Paris : Somogy éditions d'art, décembre 2015. Tome I, p. 175-180 et Tome III, p. 548-551.



TOME III, p.548-549 :

L'’Affiche pour l’Exposition Coloniale : Le pastel original CR 2105 et l’Affiche CR 2106


CR 2105
Affiche pour l’Exposition Coloniale, projet, vers 1931
Pastel, 112,5 x 89 x 4,5 cm, 44 x 35 x 2 in.
Signé « G. Desvallières », en bas à droite
Paris, musée du Quai Branly, Inv. 75.1707IA



PROVENANCE Paris, musée des Colonies ; Paris, musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, fonds historique

EXPOSITIONS 1931. Paris, galerie Eugène-Druet, 5 – 1932. Paris, galerie Eugène-Druet (?), sans no, Affiche pour l’exposition coloniale

BIBLIOGRAPHIE Mareschal, 13-20 mars 1931, p. 10 – Charnage, 31 mars 1931, p. 3 – L’Étoile de l’A.E.F., supplément non paginé, 11 avril 1931 – Bachollet, 1994, repr. p. 58 SOURCES PRIMAIRES Reviers de Mauny, n.d., 16 février et 23 avril 1931

COMMENTAIRE Le père Reviers de Mauny, responsable du Pavillon des Missions pour l’Exposition internationale de Paris, inaugurée le 6 mai 1931 à Vincennes, demande à Desvallières de dessiner une affiche pour les souscriptions. L’artiste propose un pastel dont la figure principale est le père de Foucauld. Il fait ensuite savoir au peintre que les autres responsables apprécient le projet : « Hier, j’ai donc montré votre chef-d’œuvre à l’amiral Lacaze, à Monseigneur Boucher et à Monsieur Massin ; ils ont été émerveillés et tous n’ont qu’une voix pour vous remercier au nom de tous nos pauvres chers missionnaires dont le père de Foucault est un frère illustre. J’ai trouvé chez Monsieur Tournon, architecte du Pavillon, le même enthousiasme. Encore une fois, cher Maître, merci et merci vous avez mis de toute votre âme dans cette œuvre et par elle vous entraînez les nôtres d’enthousiasme – merci –. » Il ajoute qu’il faudrait adjoindre au projet des inscriptions explicatives : « Je vous ai fait envoyer quelques notes sur les Colonies à inscrire, de même que l’appel à la souscription. Vous excuserez cher Maître, ces soucis d’administration ! » (lettre non datée) Ainsi sera conçue l’affiche avec les inscriptions rajoutées autour par l’artiste.



CR 2106
Affiche pour l’Exposition Coloniale, 1931
Lithographie couleur, 157,5 x 118 cm, 62 x 46 in.
Signé « G. Desvallières », en bas à droite
Inscriptions à droite et à gauche de l’affiche (voir commentaire) : « Souscription compte chèque postal 1523-24 Banque Lehideux, 3 rue Drouot Paris IXe », en bas de l’affiche et « I. Mélingue », en-dessous à gauche


© Sébert Studio photographes



BIBLIOGRAPHIE Charnage, 31 mars 1931, p. 3 – L’Étoile de l’A.E.F., supplément non paginé, 11 avril 1931 – Bachollet, 1994, repr. p. 58 SOURCE PRIMAIRE Ambroselli de Bayser, 8 novembre 2005

COMMENTAIRE Nous ne connaissons pas le nombre de tirages pour cette affiche réalisée par l’imprimeur Mélingue à partir du pastel (CR 2105) présenté au père Reviers de Mauny. Les inscriptions sont apposées autour de la figure du père Charles de Foucauld. Sur l’affiche intitulée « Exposition Coloniale », encadrée par deux anges portant le Saint-Sacrement sur fond de Croix glorieuse, au milieu d’une nature exubérante représentée par deux immenses palmiers, la figure lumineuse de l’apôtre du désert, en pied, rayonne d’une douceur toute évangélique auprès des fidèles qui le vénèrent à genoux. Placé sur un piédestal, la palme de son martyre est posée sur la première marche. Converti comme lui dans sa jeunesse, l’artiste est fasciné par cette foi capable d’aller jusqu’au don de la vie et cette humilité qu’il livre dans ce regard, reflet de son amour de Dieu et de son prochain qui ne font qu’un. Desvallières l’inscrit de chaque côté : à gauche, « Pour l’Amour de Dieu Venez en aide à nos missions » à droite, « Pour l’Amour du prochain Venez en aide à nos missions ». Tout en donnant les moyens concrets d’aider, à travers une inscription située sous l’image, il ajoute de part et d’autre les pays concernés par « la Prédication du Christianisme à toutes les nations », thème général de la chapelle de l’église des Missions (CR 2110).


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Tome III, p. 549-551 :

Trois fiches sur L’Afrique, de George Desvallières : deux esquisses CR 2107-CR 2108 et l’original CR 2110 à l’église Notre-Dame des Missions à Épinay-sur-Seine.


CR 2107
L’Afrique, petit croquis, vers 1930
Gouache et encre sur papier avec plan de l’église de profil ronéoté, 27 x 16,5 cm, 11 x 6 in.
Annoté par l’artiste
Paris, collection particulière, 2002




PROVENANCE Famille de l’artiste

COMMENTAIRE Petite esquisse du panneau de George Desvallières intégrée dans l’architecture de l’église du Pavillon des Missions de l’Exposition coloniale. Les numéros CR 2107 à 2110 répertorient les esquisses et le panneau réalisés par Desvallières entre 1930 et 1931 pour la décoration de l’église des Missions inaugurée en 1931 (cf. T. I., p. 175).



CR 2108
L’Afrique, esquisse, 1930
Huile et essence sur papier, 102 x 64 cm, 40 x 25 in. Grand côté : 102 x 64 cm et petit côté : 84 x 43 cm
Signé daté, « G. Desvallières 1930 », en bas à droite
Paris, collection particulière (par descendance)




PROVENANCE France, collection du Docteur Chatelin, 1932

SOURCE PRIMAIRE Chatelin, 12 avril 1932

COMMENTAIRE Esquisse préparatoire pour le panneau L’Afrique composé par l’artiste pour l’église du Pavillon des Missions de l’Exposition coloniale. Le docteur Chatelin, ami et amateur du peintre, après avoir vu l’œuvre s’empresse d’acquérir cette « émouvante “ esquisse des Missions ” ». Il ajoute : « Je serai très heureux d’avoir souvent sous mes yeux ce témoignage de votre inspiration guidée par St Augustin et le P. de Foucauld. Merci » (Chatelin). Cette note du docteur est intéressante à propos de la mention du grand théologien, saint Augustin, évêque d’Hippone, au nord-est de l’Algérie, dont il a parlé avec son ami à propos de l’évangélisation de l’Afrique.
 

CR 2110
L’Afrique, 1931
Huile sur toile, 750 x 500 cm, 295 x 197 in.
Epinay-sur-Seine, église Notre-Dame des Missions, 1932


George Desvallières, L’Afrique, détail, 1931
© Lemaître Pascal


PROVENANCE Paris, Pavillon des Missions, Exposition coloniale, 1931

EXPOSITION 1931. Paris, Exposition coloniale, sans n o, Notre-Dame des Missions. L’Afrique

BIBLIOGRAPHIE M.A., 2 juillet 1931, p. 3 – Annales de la propagation de la foi et de S t Pierre apôtre, juillet 1931, p. 121 – L’Étoile de l’A.E.F., supplément non paginé, 11 avril 1931 – Desvallières, G., janvier-février-mars 1932, p. 499, repr. p. 500 – Goyau, 1er août 1934, p. 3 – La Croix, 2 août 1934, p. 5 – Régamey, mars-avril 1948, p. 51 SOURCES PRIMAIRES Reviers de Mauny, n.d., 16 février et 23 avril 1931 – Gattegno, 28 février 1931 – Noé, 1er mars 1932 – Barberis, 31 mars 1933 – Ambroselli de Bayser, septembre-novembre 2007

COMMENTAIRE La chapelle des Missions catholiques de l’Exposition coloniale internationale, déplacée à Épinay-sur-Seine en 1932, sous le vocable de Notre-Dame-des-Missions, a été construite par l’architecte Paul Tournon à l’occasion de l’exposition qui s’est tenue à Paris de mai à novembre 1931 sur le site de la Porte Dorée, au bois de Vincennes. L’architecture de l’église évoque les styles régionaux des possessions françaises. Finalement, huit millions de visiteurs auront parcouru les allées à la découverte de l’empire français. Pour cet évènement, Desvallières a d’ailleurs réalisé une affiche (CR 2106) montrant Charles de Foucauld, accompagné de deux anges tenant le calice et l’hostie devant une Croix glorieuse. Le programme décoratif complet de la chapelle est confié aux deux maîtres des Ateliers d’art sacré et à leurs élèves. Le 6 février 1931, le responsable du projet, le père Reviers de Mauny, donne rendez-vous à Desvallières chez l’architecte Paul Tournon pour « assister de sa haute compétence » la réunion sur les maquettes, esquisses et « en juger ». Fin février, l’artiste lui livre sa toile de 7,50 mètres sur 5 mètres. Le 23 avril, le père Reviers de Mauny le remercie pour l’aide qu’il lui a fournie depuis le début du chantier, « à l’œuvre que nous avons entreprise pour la gloire de nos missionnaires ». En effet, on doit aux Ateliers les vitraux (Jean Hébert-Stevens, André Rinuy, Pauline Peugniez, atelier Barillet, Marguerite Huré), les sculptures ornant l’intérieur du bâtiment (Raymond Delamarre, Anne-Marie Roux, Roger de Villiers), la chronologie de l’action des missionnaires sur les murs de la nef, ainsi que les douze grands panneaux de toile marouflée répartis de part et d’autre de la nef, à gauche et à droite du chœur, perpendiculairement aux murs latéraux. À gauche, Georges Ballot, Paul de Laboulaye, Valentine Reyre, Pauline Peugniez, Charles Plissard et Henri Marret ont représenté, dans la continuité du panneau de Maurice Denis, des épisodes de l’évangélisation de l’Europe. À droite, aboutissant à la toile de Desvallières, ce sont les missionnaires des pays lointains qui sont peints par Émile Beaume, Lucien Simon, Robert Génicot, Henri de Maistre et Raymond Virac. Sur le grand panneau, à droite du chœur, Desvallières représente l’action des missionnaires en Afrique. Il choisit, comme sur l’affiche qu’il a imaginée pour l’exposition, la figure du converti Charles de Foucauld (1858-1916), l’apôtre du désert à l’Assekrem, au nord de Tamanrasset en Algérie, qui y a laissé sa vie, assassiné le 1er décembre 1916. Au centre de la composition, sous une Croix blanche monumentale, à l’ombre d’un palmier, Monseigneur Lavigerie, cardinal d’Alger et de Carthage, engagé contre l’esclavage, bénit le continent. Sous sa bienveillance, le père de Foucauld présente humblement le Saint-Sacrement aux populations locales. Dans L’Artisan Liturgique de 1932, Desvallières décrit avec enthousiasme la chapelle où chaque artiste a laissé s’exprimer son talent. « Faire du bien aux autres en s’épanchant soi-même, voilà le fond de notre effort. D’ailleurs dans toute cette chapelle, il règne déjà comme une atmosphère de fraternité, d’entraide plastique ». Il aime à relever l’ingéniosité des uns et des autres, avec son humilité habituelle concernant son propre travail, « L’autorité que Maurice Denis a mise dans la représentation de Saint Pierre et Saint Paul ne viendrait-elle pas déborder heureusement sur les incertitudes ou les négligences involontaires de “ mon ” Père de Foucauld ? » (Desvallières, 1932) Pourtant, l’historien Georges Goyau écrira en 1934 : « Vingt-sept ans après la messe de Beni-Abbès, Lyautey, devenu dans son Maroc le grand Africain, revoyait le P. de Foucauld. Il le revoyait au Pavillon, dans l’admirable fresque de Georges [sic] Desvallières, sur laquelle l’ascétique apôtre offre à l’Afrique l’Hostie eucharistique. Et certain matin, on vit se grouper autour du maréchal et du commandant même de l’École militaire de Saint-Cyr, cinq cents Saint-Cyriens en uniforme, venus là pour entendre une messe, sous le regard extatique du “ camarade ” Foucauld. » (Goyau)


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