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Bonne année 2025, avec l'arrivée des mages à la crèche, composée par George Desvallières en 1941 pour la cathédrale d'Arras.
Le peintre, à 80 ans, exécute un panneau de 9 m sur 3,50 m dans une période bien difficile. En 1942, il réalisera dans le même format une Résurrection.
Nativité, 1941
Huile sur toile, 900 x 350 cm, 354 x 138 in.
Inscription « SALVE MATER », sur la banderole de l’ange, Paris, CNAP, Inv. FNAC 18385 (achat par commande à l’artiste en 1939), dépôt à Arras, cathédrale Notre-Dame de l’Assomption et Saint-Vaast, 1942. Exposition au salon d’automne.
COMMENTAIRE
Au sommet de la scène, tout en hauteur, l’artiste a placé un ange annonciateur de l’événement, avec une banderole qui porte l’inscription du début de l’hymne grégorien : « Salve Mater misercodiae , / Mater Dei et Mater veniae, / Mater spei et Mater gratiae, / Mater plena Sanctae Laetitiae, / O Maria. » « Salut, Mère de miséricorde, / Mère de Dieu et Mère de pardon, / Mère d’espérance et Mère de grâce, / Mère pleine de joie, ô Marie ! »
Cette Nativité met en valeur la maternité de la Vierge que partage l’humanité. Dès le début de l’année 1941, George travaille avec acharnement sur sa toile, qui prendra place sur la gauche du chœur dans la cathédrale. Sa femme Marguerite écrit le 24 janvier à la personne qui loge sa fille France et sa famille près de Limoges : « Voulez-vous dire à France que son père est jusqu’à présent un phénomène. À Arras hier travail dans la cathédrale, il est allé à Paris trois fois par semaine pour ses autres travaux ou jurys pendant la période atroce, la gelée que nous venons d’avoir, traversant la Seine et à 9 heures du soir pour prendre ses trains etc. etc. ».
Il arrive à tout mener de front malgré ses 80 ans. Le 21 juillet, George annonce directement à sa fille : « Quant à ton vieux père, il attaque sa toile de 9 m sur trois. Je ménage mes forces n’y travaillant que 4 ou 5 h par jour, mais la Sainte Vierge me donne un bon coup d’épaule et je crois pouvoir mener à bonne fin cette adoration des bergers et des mages. » Et le 22 septembre, Marguerite conclut : « papa travaille plus que jamais debout de 6 h à 8 h par jour. » En effet, le panneau doit être prêt pour le Salon d’automne, et le jour de l’ouverture le père est heureux d’annoncer la bonne nouvelle à sa fille : « J’ai pu envoyer au Salon d’Automne une grande décoration de 9 mètres sur 3 m, destinée à la cathédrale d’Arras. Je dois dire que je me suis mis à l’ouvrage bien inquiet me demandant si je pourrais mener à bien un tel travail avec mes vieilles jambes… C’est grâce à l’intercession de la Sainte Vierge que j’ai ardemment priée que j’ai pu travailler de 6 à 7 h de suite debout et courbé en deux, ma toile étant par terre et ma santé s’en est fort bien trouvé. » (Desvallières, G., 4 octobre 1941). Inlassable courage du croyant passionné qui continue le travail pour le deuxième tableau, La Résurrection, dès la fin du mois d’octobre, traversant tous les jours la Seine pour rejoindre son atelier de Saint-Fargeau. Et Marguerite de décrire l’œuvre exposée à son amie Jeanne Prinet, en novembre 1941 : « Le grand panneau de George, c’est pour la cathédrale d’Arras qui a été restaurée après 1918 - Il représente en effet une Nativité qui me paraît délicieuse en bas, ressemblant un peu à Francette, puis une montée des Rois Mages qui redescend vers elle. Et surmontant tout le haut un ange énorme qui encense le tout de beaux rayons. Il n’y a ni bœuf, ni âne, ni bergers !... » (Desvallières, M., 12 novembre 1941)
Les critiques voient dans cette « Adoration des Bergers de Desvallières [...] un des éléments qui font de ce Salon d’Automne 1941 un beau salon » (Le Figaro, 11 octobre 1941). Cette œuvre sera à nouveau présente au Grand-Palais l’année suivante, aux côtés du second panneau de la Résurrection (CR 2470) réalisé dans la foulée avec la même ardeur pour terminer la décoration de la cathédrale d’Arras en mars 1942.
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