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24 septembre 2012
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George Desvallières dans le sillage des Fauves



En 1878, par l’intermédiaire du peintre Jules-Elie Delaunay, George Desvallières fait la connaissance de Gustave Moreau. Une profonde amitié lie rapidement les deux hommes. Le peintre de Salomé le forme dès lors à titre privé et il devient son véritable et unique guide. Cette rencontre décisive permet à Desvallières d’aborder le symbolisme et de découvrir un nouveau langage, de nouveaux moyens techniques, notamment en ce qui concerne le rôle de la couleur. Au-delà de la ressemblance formelle, ses premières œuvres réalisées aux côtés de Moreau témoignent de cette tendance. La confrontation avec l’univers de son maître l'encourage à l’utilisation expressive et audacieuse de la couleur pure. Dans plusieurs de ses écrits, Desvallières montre d’ailleurs l’importance du rôle pédagogique de Moreau pour les Fauves. C’est également par son intermédiaire qu’il rencontre Georges Rouault et plusieurs futurs peintres fauves dont il sera le promoteur au Salon d’Automne.

À la mort du maître en 1898, Desvallières poursuit ses recherches dans la veine symboliste tout en développant ses acquis dans un style original. En 1903, il entreprend un voyage à Londres qui constitue une étape capitale dans son parcours personnel et artistique. La variété des techniques employées ainsi que celle des sujets, l’inventivité et la virtuosité qui se dégagent des travaux réalisés à cette occasion donnent lieu à un corpus témoignant de la nouvelle orientation prise par le peintre. Desvallières explore les possibilités des sujets liés à la vie nocturne et aux théâtres de la capitale britannique.

Au premier Salon d’Automne, en 1903, Choses vues (souvenirs de Londres) donne le ton. A celui de 1904, il présente une belle série d’œuvres, également rattachées à cette période londonienne. Celles-ci laissent pressentir une indépendance de plus en plus affirmée comme le montre le caractère inachevé de certaines d’entre elles : les sujets se dégagent sans précisions de détails et à travers le recours à une touche parfois saccadée ou formée de petits traits rapides se combinant à des volumes cernés de noir. Il faut préciser que Moreau avait également encouragé Desvallières à s’intéresser à l’œuvre de Toulouse-Lautrec. Témoignage de l’importance de cette orientation, Desvallières, alors vice-président du Salon d’Automne, choisit, la même année, de mettre en valeur à travers une rétrospective posthume ce « maître inconnu » (selon la formule de Louis Vauxcelles) dont l’influence est perceptible dans son propre travail. Dans plusieurs de ses œuvres inspirées des théâtres ou des cabarets londoniens, mais aussi des scènes du Moulin Rouge de Paris, on voit, en effet, comment Desvallières cherche à dépasser le réalisme au profit d’une utilisation expressive de la couleur. Il semble désormais soumettre ses talents à des exercices de variations reflétant l’intérêt qu’il porte aux recherches pré-fauves, ou du moins à une nouvelle dynamique de la représentation. C’est à cette période qu’on peut rattacher Moulin Rouge, la toile présentée ci-contre.

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Géraldine Veyrat, historienne de l’art, auteur d’un mémoire de Maîtrise d’Histoire de l’Art, intitulé :
George Desvallières face à la modernité de Gustave Moreau,
Université de Genève, Faculté des lettres – Département d’histoire de l’art, 2011.
Participe au Catalogue raisonné George Desvallières.



Copyright © Catherine Ambroselli de Bayser, septembre 2012.